Si tu peux voir mourir une grande histoire d’amour
Sans refermer ton coeur pour qu’il aime à nouveau
Ou te savoir trahie sans trahir à ton tour
T’en aller pour voler plus haut ;
Si tu peux tout donner sans te perdre pourtant
Si tu peux être douce sans jamais te soumettre
Apprécier, célébrer, admirer ton amant
Sans jamais faire de lui ton maître ;
Si tu peux ignorer les langues de vipères
Les jalouses, les méchantes occupées à médire
Et entendre derrière leurs discours de mégères
Une misère à n’en plus finir ;
Si tu peux être belle sans jamais être fière
Faire de ta vérité, l’essence de ta beauté
Si tu peux préserver un peu de ton mystère
Ne pas tout dire ni tout livrer ;
Si tu sais accueillir et ouvrir ta maison
Sans jamais t’entourer de quelque vaine cour
Aimer à la folie pour trouver la raison
Parler sans n’être que discours ;
Si tu peux être pure sans jamais être sage
Si tu peux être forte sans refermer ton coeur
Si tu sais être tendre , si tu sais être orage
Sans être esclave de tes humeurs ;
Si tu peux affronter le temps sans faire naufrage
Sans te sentir déchue ni même destituée,
Si tu trouves ton chant au plein coeur de chaque âge
Quand les autres s’abîment à le nier
Alors, Reines et Déesses, Vénus et Madonnes
Te feront révérence et seront ta famille
Et tu te trouveras dans l’amour que tu donnes
Tu seras une femme, ma fille.
- Fabienne Marsaudon
(inspiré par le poème de Rudyard Kipligng)