"Je rends mon uniforme, dégoûtée, attristée". C’est l’histoire de Mathilde Basset, une infirmière en EHPAD (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) et qui, désespérée par les conditions de travail difficiles, a rendu sa blouse et a publié une lettre ouverte à la ministre de la santé sur Facebook.
Après avoir obtenu son diplôme en 2016 et travaillé pendant un an et demi à l’hôpital du Cheylard en Ardèche, elle a décidé d démissionner car elle ne supportait plus les conditions de travail: "Je suis infirmière depuis un an et demi. Je travaille depuis trois mois au Centre hospitalier du Cheylard en Ardèche.
Enfin, je travaillais, car mon dernier contrat de 3 semaines se termine le 4 Janvier prochain et c'est avec dégout et la boule au ventre que je quitte ce radeau de la méduse", a-elle écrit dans la lettre. Elle a été partagée 6600 fois sur Facebook, ce qui montre que de plus en plus de professionnels de la santé sont dans la même situation que Mathilde.
Dans sa lettre, Mathilde Basset explique à quel point la surcharge du travail est épuisante et à quel point il est frustrant de ne pouvoir mener à bien sa mission: "Ce matin, j'ai craqué. Comme les 20 jours précédents. Je m'arrache les cheveux, au propre comme au figuré.
Je presse les résidents pour finir péniblement ma distribution de médicaments à 10h15 (débutée à 7h15), je suis stressée donc stressante et à mon sens, maltraitante. Je ne souhaite à personne d'être brusqué comme on brusque les résidents. Disponible pour personne, dans l'incapacité de créer le moindre relationnel avec les familles et les usagers, ce qui, vous en conviendrez, est assez paradoxal pour un soi-disant lieu de vie. Je bâcle.
Je bâcle et agis comme un robot en omettant volontairement les transmissions de mes collègues que je considère comme les moins prioritaires pour aller à l'essentiel auprès des 99 vies dont j'ai la responsabilité". Sa situation critique n’était plus supportable et elle a décidé de démissionner non sans envoyer un cri d’alerte à Agnès Buzyn: "J'ai peur Mme la Ministre. Votre politique gestionnaire ne convient pas à la logique soignante. Ce fossé que vous avez créé, que vous continuez de creuser promet des heures bien sombres au "système de Santé". Venez voir, rien qu'une fois".
La réforme liée aux maisons de retraite publics a acté une coupe de 200 millions d’euros dans le budget des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad)